Chapitre V : UNE NOUVELLE LUNE

Je me rends compte que je n’ai pas réponde à Madame au deuxième rang.

Alors pourquoi devriez-vous me faire confiance à moi ? Eh bien c’est simple. Ne vous fâchez pas, mais je ne suis pas sûr que la xénophobie soit une bonne valeur. Personnellement, je ne vois pas comment un étranger peut être moins fiable, au niveau politique, qu’un citoyen qui n’a jamais bougé de chez lui. D’ailleurs je pense que quelqu’un qui a vu comment ça marchait ailleurs est plus à-même de savoir comment agir ; que quelqu’un qui n’a jamais eu d’exemple à sa disposition.

C’est vrai que je ne suis pas ici depuis longtemps, mais je pense avoir les qualités requises pour mener à bien notre humble village. Jugez-en par vous-même : approuvez-vous les idées que je propose, et que me proposeriez-vous comme amélioration, qu’avez-vous à faire remarquer ?

Quant aux mesures que j’ai prises, vous pouvez me croire j’en ai fait pour tous les goûts : économie, religion, sécurité, propreté, écologie, éducation, amélioration de la ville...

J’ai bel et bien parlé de sécurité. Peut-être n’avez-vous pas entendu car c’est ce que j’ai dit en premier, et peut-être étiez-vous en retard. Ceci dit, je veux bien me répéter, car nom d’un chien, c’est ce pour quoi je me présente.

Alors :

1. Je ne sais rien de cette menace. J’en sais autant que vous tous, c’est-à-dire : rien ou presque.

2. Je ne sais pas si cette menace euh... mystérieuse est réelle ou non. Comme vous. Dans le doute, je vais y croire, car je ne veux mettre en péril la vie de personne.

3. Si vous m’élisez, j’appliquerai donc des mesures qui garantiront la sécurité de tout le monde.

4. Maintenant lesquelles ? Je n’en sais rien. Je ferai en sorte que vous soyez informé au plus vite, mais comme je connais pas la menace euh...mystérieuse moi même, je ne sais pas quoi faire pour l’instant. Ceci dit, je parlerai à la religieuse au plus vite, et je prendrai toutes les décisions qui s’imposeront.

D’autres questions ? Je suis là pour ça !

J'avais passé la nuit précédente à écouter le vent. Il me parle beaucoup, vous savez ? En vérité, il nous parle à tous, mais peu nombreux sont ceux qui savent l'écouter. Par chance, ma mère m'avait appris à l'écouter dès mon plus jeune âge et c'était un vent bien sombre qui avait soufflé la nuit précédente. Il annonçait l'arrivée d'un message. Sa porteuse aurait le cœur pur et les habits du Deuil, une dame d'Eglise surement. Elle entrerait dans le village pour mettre celui-ci en garde des menaces que lui réservait l'avenir. A partir de là, seuls les villageois pourraient décider de leur avenir. Mais il leur faudrait de l'aide et du courage.

Et la voici, cette Nonne vêtue de noir. Elle nous annonce que les portes de l'Enfer se sont ouvertes, laissant une sombre malédiction s'abattre sur le village. Elle désirait parler au représentant du village avant de nous en dire plus et ce fut avec stupéfaction que je réalisais qu'il n'y en avait aucun. Il nous en fallait un, bien évidemment. Immanquablement, cela provoqua des vagues de murmures dans la foule. J'aperçus alors un homme qui monta sur l'estrade dans la foulée pour essayer de mettre un peu d'ordre dans tout cela. Son discours était quelques peu à côté du sujet, et une jeune femme que la tristesse berçait ne manquât pas de le lui faire remarquer. Mais il semblait s'investir réellement, et il repartait aussitôt dans des réponses à tous ceux qui avaient des questions pour lui.

Alors que je m'interrogeais sur le cœur de ces gens, je laissais le vent me glisser quelques mots. Le vent pouvait sonder le coeur de chacun. J'espérais qu'il m'indiquerai la solution. Parmi tous ces villageois, il devait bien y en avoir dont la force et l'intelligence saurait nous sortir de là. Des noms ressortaient régulièrement. C'était assez confus mais très vite, je pus cerner celui d'un dénommé Migeon. Il avait l'expérience et savait à quoi nous avions à faire. Les vents m'avaient amenée dans cet étrange village et m'indiquaient maintenant ce nom plein de sagesse. Il fallait faire quelque chose. Je n'étais pas là pour être simple spectatrice d'un massacre. Je m'approchais alors du centre de la foule et d'une voix fragile je tentais d'obtenir le silence. N'y parvenant pas totalement, je fis passer mon annonce en espérant réussir à trouver ce fameux Migéon :

-S'il-vous-plait... S'il-vous-plait. Mon nom est Sylph. Je suis venue de très loin, guidée ici les vents. Ils m'ont soufflé que ce village était en péril. Mais la menace n'est pas inéluctable. Il nous faut lutter. Je compte faire cela. Pour cela, j'aimerais savoir lequel d'entre vous est Migéon. Mon cœur et ma raison m'indiquent qu'il est l'homme à suivre. S-il-vous-plait, où se trouve Migéon ? Qu'il s'avance et parle, je vous en conjure, je suis certaine qu'il saura aider ce village mieux que quiconque.

Après ces quelques mots, la foule reprit les murmures. J'attendais alors que quelque chose se passe. Si ce Migéon était parmi nous, il devait se révéler.

Il est l'homme de la situation. J'en suis convaincue...

Regardant de nouveau l'homme sur l'estrade, elle se raidit sous le mot de peur et revient sur ses pas pour gravir l'estrade suivie de ses loups.

Sachez que je n'ai nulle peur de la menace que je j'imagine ! dit-elle d'une voix sourde. La peur m'a quitté depuis bien longtemps ! Vous voulez être maire, soyez-le si cela vous chante mais cessez de penser que des femmes ont obligatoirement peur ! J'ai vu et affronté des menaces dont vous n'avez pas idée Messire dont j'ignore le nom, bien que vous connaissiez ceux de certaines personnes sans qu'elles ne l'ai cité devant vous, je sais ce que je vaux et ce qui risque de nous attendre si la menace est celle qui hante mes pensées.... Je n'ai jamais fuit et ne le ferais pas aujourd'hui !

Se tournant lentement vers le groupe de personnes, elle poursuit d'une voix claire.

Le maire que vous devez élire devra être courageux et prêt à tout ! Il devra assumer toutes ses décisions, bonnes ou mauvaises et ce même si la vie de ses concitoyens est en jeu.... peu importe si le village sent le crottin ou la bouse de vache aujourd'hui... Dans peu de temps il risquera de sentir la mort.... Et ce jour-là il faudra faire fi des beaux discours et assumer.... Et sauver un enfant des flammes en mangeant un gâteau en même temps est un jeu d'enfant à côté de ça...

Descendant calmement de l'estrade, elle repart vers Orwald qu'elle mène à l'écurie en compagnie de ses loups. Poussant la porte close, elle aperçoit le cheval de la cavalière qui hennit de peur à l'approche de sa meute et va le calmer en menant son cheval vers sa place.

Que Dieu ou le Diable guide ses villageois vers la bonne personne pour les mener à bien dans la tourmente qui se prépare, murmure-t-elle en pansant son cheval. Il y a déjà eu trop de sang, de larmes et de terreur...

Donnant à boire et à manger à sa monture, elle regarde ses compagnons et fredonne une chanson apprise dans son enfance. Sa voix claire s'élève doucement et l'aide à se calmer et à reprendre possession de ses pensées, permettant ainsi à son instinct de prendre le contrôle de son corps.

Eh bien Mr Aimelin, que vous est-il arrivé. Oh mon dieu, vous vous êtes brûlé ? Oui, vous avez raison, allez vite mettre votre main dans un sceau d'eau fraîche, ça apaisera sûrement votre brûlure.

Un salut poli à l’homme

Non messire Guy, pas de brulure juste un bon coup de maillet.

Tout en remplissant son sceau il suivit des yeux la jeune femme qui lui avait sourit et dont les yeux brillaient dans la pale lueur du s... (on se calme l'ébouriffé)... puis regarda la religieuse qui prenait la parole. Froncement de sourcils en reposant son sceau à terre mais en bois. Comprend qui peut. Un malheur ? parlerait elle de celui qui avait ravagé le village bien des années auparavant ?
S’essuyant les mains sur son tablier de cuir, il restait pensif quand un homme prit la parole pour faire un véritable discours où les phrases ne s'arrêtaient jamais. Chômage, férié, crayons.. des mots étranges que le jeune forgeron avait bien du mal à saisir, bien qu'il ne soit pas totalement idiot, ayant exercé quelques fonctions.

Par Aristote qu'est ce qu'il parle beaucoup le bougre, pire que la Lucienne quand elle vient me voir à la forge.

La lucienne ne venait pas faire ferrer un cheval vu qu’elle n’en avait pas et disait toujours que ces bêtes là ce n’était pas pour elle, mais depuis la mort de Ferdinand, elle venait meubler le silence de la forge d’un flot de paroles et lorsqu’elle en repartait apres avoir salué dix fois le jeune gars, il trouvait soudain le silence encore plus reposant. Lui n’était pas tres causant, et pensait que du moment qu’on disait l’essentiel c’était le plus important. Et puis sa mamée lui disait toujours d'agir au lieu de parler, ce qu'il faisait, sauf avec la belle Angelle qui l'intimidait toujours autant.

Ses mirettes grises passaient des uns aux autres, observant chacun, sourcillant lorsque quelques paroles ou beaucoup selon les individus étaient lancées. Il tourna son regard vers celle qui s’adressait à lui.

- Orwald aurait besoin de nouveaux fers, forgeron. Aurez-vous le temps de voir ça demain?
- bien entendu. Demain Orwald sera chaussé de neuf.

Il désigna sa forge.. vous pourrez me l'emmener quand vous voulez

Il ne savait pas si elle avait entendu car il la vit prendre la parole à son tour. Un regard perplexe à l’homme à paroles qui semblaient connaitre tout le monde ce qui étonna le jeune gars perdu dans le flots de paroles qui volaient, tournoyer et formait un gros tas sur la place, au milieu duquel il essayait de prendre quelques mots.. peine perdue il détourna son attention et attendit un moment de silence pour vite prendre la parole, d’une voix calme.

- bonjour à tous je suis Aimelin le forgeron du village. regard vers l'homme a paroles .. je ne pense pas que le petit groupe que nous sommes ai besoin de connaitre un programme digne de ceux que j’entends lorsque je vais sur la place de Nîmes et qu’il faut élire le Duc.
D’apres ce que je comprends.. regard ves la religieuse avec un sourire... nous courrons un grave danger et il faut juste quelqu'un pour prendre les décisions de notre groupe. Est ce bien cela ma mère ?
Si c'est le cas il suffit d'un ou d'une volontaire.

Il attendit la réponse de la religieuse, avant de pouvoir aller reposer son sceau, et sa tête, et continuer son travail. Toute cette agitation n’était pas pour lui.

« Guy, Guy, Guy, Guy, Guy, Guy.... »

Le vent me soufflait ce nom quelques secondes à peine après la fin de mon annonce. Guy. Qui était-il ? Me mènerait-il jusqu'à ce fameux Migeon ? Alors que je tentais de scruter la foule pour voir si le dénommé Migeon allait se faire connaître, j'aperçus un homme qui se frayait son chemin jusqu'au centre de la foule. Il semblait me regarder.

« Guy, Guy, Guy, Guy, Guy, Guy.... »

Ce devait être lui. Il ne me fallut que quelques secondes pour le comprendre. En effet, il s'adressa à moi une fois qu'il fut assez proche de l'estrade :

- Migéon est très sûrement quelque part dans cette foule. Si vous voulez le voir, frayez-vous un chemin dans celle-ci, et vous le trouverez. Cependant, si il n'est pas dans la foule, il est probable qu'il soit retourné à la taverne.

Je n'eus pas le temps de remercier cet homme, ni même de vérifier qu'il s'appelait bien Guy car celui-ci s'approchât un peu plus de l'estrade pour s'en éloigner quelques instants plus tard. Il avait murmuré quelques choses à l'oreille de notre premier représentant avant de repartir. Cela était étrange. Qu'allait-il bien pouvoir aller faire ? Pourquoi disparaître dans un instant aussi crucial pour le village ? Je laissais le vent me porter leurs murmures à mes oreilles :

- Je dois retourner à la chaumière, je n'en ai pas pour longtemps. En comptant dix minutes pour l'aller et dix au retour, je dois en avoir pour une demi-heure ou trois quarts d'heures. Si l'on me demande, dis que je reviens bientôt.

Cela me parut étrange. J'étais alors coincée face à un dilemme. Devais-je chercher Migéon ou bien tenter d'en apprendre plus sur ce Guy ? Mon instinct me souffla que la chose la plus sage serait d'entamer les recherches concernant ce Migéon. Je devais parer au plus urgent et cet homme devait bien être quelque part. Comme Guy me l'avait conseillé, je commençai alors à fouiller dans la foule, avançant tant bien que mal dans la densité de gens présents. On m'appris que l'homme que je recherchait était assez âgé et qu'il serait bien à la taverne s'il n'était pas déjà ici.

« Migéon, Migéon, Migéon, Migéon, Migéon, Migéon.... »

Le nom ne cessait de résonner dans mes oreilles. Où pouvait-il bien être ? Il était forcément proche, tout proche. Alors que je venais de sortir de la foule pour me diriger vers la taverne, l'écho dans ma tête cessa. Il était là. Il ne m'avait pas encore vue, mais je le voyais moi. Et c'était bien suffisant. Il observait, sage et patient. Il respirait la sagesse et ne semblait pas perturbé par cet événement. Ce fut alors d'un pas décidé que je me dirigeais vers lui.

- Excusez-moi, seriez-vous... Migéon ?

AA aaatchoum !!

Mince il s'enrhumait le forgeron ébouriffé.
Ca parlait tant et plus sans écouter les autres que le jeune gars s'était assis, attendant que le silence se fit.
Des loups garous.. il avait entendu pareille histoire qui se serait déroulée dans ce village, décimant la plupart des habitants. Un frisson le parcourut, il devrait séquiper à nouveau son épée, voila trop longtemps qu'il n'avait pas combattu, son dernier voyage dattant de plusieurs mois.

Nulle réponse à la question qu'il avait posée, il parlait donc dans le vent. Sans doute était il trop discret, ce qui l'importait peu. Il vivait ici n'avait jamais vu certains, et n'accordait pas sa confiance au premier venu.

Un regard vers la jeune femme aux longs cheveux qui désignait celle aux loups. Un sourire. Voila une belle idée, les gens discrets sont souvent les plus efficaces.

Humm si ma voix parvient jusqu'à vous ma mère, je parlerai dans le même sens que cette jeune dame, à savoir que je désignerai comme responsable du groupe cette jeune femme.

Il désigna la maitresse des loups.

Pourquoi ? hé bien parce que je sais à la voir que c'est quelqu'un qui connait les armes et a du parcourir bien des chemins ce qui ne peut que nous servir.

Si cette jeune femme ne veut pas être volontaire, je reporterai mon vote sur ... hésitation avant de dire un peu forcé... cette jeune femme qui vient de vous tendre un parchemin (sylph)

Etant ressortie de l'écurie après avoir pris soin de son cheval et armée de son épée qu'elle aiguise en silence, elle écoute la religieuse enfin nommer la menace.... Les loups-garous.... C'était la menace qu'elle pressentait depuis l'annonce de l'ouverture de la porte des Enfers. caressant sa meute, elle écoute les villageois et sursaute en entendant des gens parler de voter pour elle, c'est bien la première fois qu'on lui fait ainsi confiance à elle et à sa meute.


Retournant vers l'estrade, elle monte lentement les marches en remettant son épée au fourreau.


Effectivement, je connais cette menace, dit-elle d'une voix claire en abaissant sa capuche. J'en ai croisé sur ma route... Je connais leurs ravages et je sais ce qui attend ce village...

Regardant chacune des personnes présentes dans les yeux, espérant que ses paroles feront leur chemin dans tous les esprits et que cette fois-ci les loups ne gagneront pas.

Des heures sombres arrivent, poursuit-elle. Chacun va devoir se surpasser pour espérer sauver ce village et ceux qui s'y trouvent... Les loups-garous ne sont pas de simples loups comme les miens... Ils sont perfides et n'ont pas oubliés ce qu'ils savent en tant qu'humain quand la lune les transforme... Votre voisin ou la personne que vous aimez peut-être un de ces êtres... Puisque des personnes de ce village veulent me faire confiance, je me présente et j'assumerai seule le poids des décisions qui devront être prises même si le choix se fait évidement à la majorité...

Rajustant sa capuche d'un geste habituel, elle redescend de l'estrade et va s'adosser au vieil olivier centenaire en attendant les votes, un main dans la fourrure de Buhez.

Elle écoute le vieil homme avec attention et sourit légèrement aux propos du forgeron. Son regard se pose sur le jeune homme avec le bébé et elle entend ses propos. S'avançant lentement vers eux, caressant ses loups tour à tour, elle reprend la parole.


Pardon de me mêler de votre conversation mais vous et vos enfants serez plus en sécurité à l'auberge... Si vous le voulez, mes compagnons et moi nous vous servirons d'escortes. Gardant un léger sourire, elle poursuit en le regardant, [/i]et je pense que les autres ne feront aucune opposition à leur présence... De plus mes loups devraient être un bon passe-temps pour vos enfants, non?

[i]
Elle lève son regard vers le ciel qui s'obscurcit lentement; une nouvelle nuit s'annonce mais celle-ci ne sera pas de tout repos et elle le sait... Quand le maire sera élu, il devra parler avec les autres dans l'auberge et garder tout ses sens en éveil... La lune sera au début de sa course funeste et l'appétit des loups-garous n'en sera que plus fort.

Les trois loups hument l'air, les oreilles dressées et l'oeil aux aguets; eux aussi savent que l'atmosphère change lentement, annonçant des heures sombres comme ils en ont déjà connus... Baissant les yeux vers eux, portant la main discrètement à son épée, elle observe leurs changements, sachant qu'ils vont devenir les protecteurs et les amis qu'ils ont toujours su être depuis qu'elle les connait.


Que tous se rendent à l'auberge, dit-elle pour être entendu de tous, que ceux qui le peuvent amènent des vivres pour que ceux qui le veulent puissent manger. Un endroit fermé permettra le vote et je sais par expérience que d'être réuni peut aider à se soutenir... Et ainsi ceux qui le veulent pourront poser leurs questions et d'autres pourront y répondre... On lutte mieux contre ce que l'on connait, et chacun sera utile à cette communauté.

Elle reporte de nouveau son regard sur le père de famille, attendant sa réaction en silence.