Chapitre V : UNE NOUVELLE LUNE

De quoi parles-tu Guy ? Quelle est cette farce ?

Dendra se réveilla au village après une nuit que tout un chacun qualifierait de cauchemardesque, enfin, tout un chacun avec son état mental.
Elle était sur les routes depuis près de deux semaines et avait épuisé son stock de nourriture depuis deux jours déjà lorsqu’elle tomba sur un bosquet de baies rouges bigrement appétissantes.
Epuisée par la route, la jeune fille s’emplit les poches des petits fruits rouges puis s’éloigna de la route. En s’enfonçant dans la forêt, elle entendit le bruit d’un ruisseau, chouette, elle aurait de l’eau !
S’asseyant sur un rocher près de la source, elle déposa son maigre repas sur une feuille ramassée là et au préalablement lavée puis, faisant fit de son ventre qui criait famine, elle dégusta une à une les petites baies. Bien lui en a prit, si elle s’était goinfrée, son organisme ne l’aurait jamais supporté. Après son maigre repas, elle puisa de l’eau en coupe dans ses mains et s’abreuva jusqu’à plus soif. Etait-ce le froid de l’eau qui la sauva ? Personne ne le saura jamais.
Quoiqu’il en soit, une petite demi-heure après le festin, la jeune femme commença à avoir des hallucinations. Elle voyait des yeux l’épier tout autour de sa cachette et se mit à courir pour leur échapper. C’est ainsi qu’elle se perdit plus avant dans la forêt. Puis la nuit tomba et se fut le cauchemar. Les angoisses montèrent en elle petit à petit. Elle courait, se griffait aux arbustes et branchages et avait l’impression dans ces cas-là qu’on tentait de la retenir.
Puis elle entendit les hurlements. D’abord lointain puis de plus en plus proche, elle sentait qu’ils se rapprochaient d’elle, sans se rendre compte qu’en réalité, c’était elle qui se rapprochait d’eux. Dans son délire, elle avait cru qu’il s’agissait d’humains qui se prenait pour des loups, qu’elle idée !
Par le hasard des routes et des sentiers, elle finit par arriver au village. Elle couru jusqu’au milieu de la place mais aucune lumière, aucune porte ouverte en pleine nuit de lui tendait des bras réconfortants. Elle finit par s’allonger à côté de la fontaine, petite chose tremblante et apeurée.

Au matin, elle ne ressemblait pas à grand-chose : habits en lambeaux, égratignures sur l’ensemble de son corps dues à sa fuite dans la forêt, les cheveux ébouriffés et de grandes cernes sous ses yeux.

C’est dans cet état qu’on la trouva.

[ouvert à qui veut bien me trouver^^]

Se levant pour aller laver son bol de soupe, elle regarde celui qui se nomme Thiercy avec un léger sourire.

Vous déliriez Messire, et m'appeliez Blanche-Neige... Rien de plus, ne vous en faite pas.

Soudain un gémissement doux se fait entendre à la porte de l'auberge; d'un pas, elle se dirige vers la porte et l'ouvre à Karantez mais celui-ci pleure doucement et refuse d'entrer. Son regard pâle se pose alors sur le restant de la meute près de la fontaine,ils sont couchés contre quelque chose qu'elle ne distingue pas bien.

Il y a quelque chose près de la fontaine, dit-elle aux autres en sortant pour rejoindre sa meute.

Son instinct en éveil, sa main sur le pommeau de son épée, elle se dirige d'un pas alerte vers la forme au sol. Se rapprochant de son pas silencieux, elle distingue mieux la forme et comprend que c'est une jeune fille. Ses vêtements en lambeau et sa peau couverte de blessures l'inquiète mais elle se doit de porter secours comme le veut son ordre... Peut-être une victime de ces monstres qui ont rodés cette nuit...

Arrivée à la fontaine, elle observe la blessée pendant que ses loups s'écartent; Buhez est le dernier à s'éloigner d'elle, regrettant de devoir se lever et donc de ne plus lui faire partager sa chaleur. Tout en s'agenouillant, elle les caresse tour à tour pour les remercier de leur comportement sans quitter la jeune blessée du regard.

Qui es-tu?... D'où viens-tu?... Quel mauvais génie t'a fait prendre la route de ce village en ses temps maudits... murmure-t-elle en touchant le visage de la malheureuse...

Soulevant délicatement la blessée, elle se dirige avec ses loups sur ses talons vers l'auberge; elle est bien frêle entre ses bras, comme une pauvre poupée blessée.... D'autres visages viennent de nouveau troubler ses pensées et attrister son regard mais elle secoue la tête et ouvre la porte de l'auberge avec précaution pour ne pas risquer de faire mal à la jeune fille avant de l'allonger sur une table proche.

Ma mère, il faut prodiguer des soins à cette malheureuse, dit-elle en posant délicatement la tête de l'inconnue, et refaire chauffer de la soupe pour elle, vu son état elle est à bout de force..

S'éloignant vers le feu, elle laisse son regard las errer dans les flammes... Une nouvelle victime pour les monstres vient de faire son apparition dans ce village maudit... Une nouvelle âme dont le destin repose entre ses mains et qu'elle doit sauver coûte que coûte.... Mais la voix de son ancien Maître résonne dans sa tête, la poussant à repartir au combat et poursuivre sa quête sans fin; tel est son destin et elle le sait... Ses loups vont et viennent de la blessée à elle, attendant de pouvoir à nouveau la protéger comme ils ont voués leurs vies à le faire. D'un geste las, sa main se pose sur la tête de Ael et caresse la douce fourrure en silence.

-De quoi parles-tu Guy ? Quelle est cette farce ?

- Enfin, Thiercy, tu ne te souviens donc de rien ? Tu nous cherchais Mme Wargirl et moi et tu t’es blessé en sautant par-dessus une grande haie pour nous rejoindre.

- Guy, arrêtes donc de plaisanter, cette farce n’est pas drôle dit Thiercy d’un ton ennuyé

- Enfin, tu as encore les plaies sur tes jambes et tes avant-bras, juges par toi-même , répliqua Guy, exaspéré

Thiercy soulèva ses manches jusqu’aux coudes et son pantalon jusqu’aux genoux pour examiner ses membres.

- Ah ! Mais ce n'est qu'une égratignure ! D'ailleurs je n'ai même pas mal quand je touche !

- Mais qui venaient de ta chute par-dessus cette haie, je t’assure ! Je t'ai vu sauter, tu étais un peu plus haut..., souffla Guy, fatigué

- Tu as dû faire un cauchemar, je me souviens maintenant, c'est lorsque je suis tombé de l'estrade hier que je me suis blessé, mais franchement ce n'est rien !

- Comment, tu es tombé de l’estrade ? Quand, pendant que j’étais parti ?

- Oui, et je suis sûr que tu as fait un cauchemar, c’est la seule explication ! Je n’ai jamais fait ce que vous dites !

- Mais enfin, il est évident que je ne dormais pas, et je n’ai pas fait de cauchemar ! J’étais allé chercher mes enfants chez moi et Mme Wargirl avait eu la gentillesse de m’escorter, et tu es atterri devant nous avant de t’évanouir, tu t’es blessé les jambes et les bras ! Puis, tu ne cessais de te réveiller et de retomber dans les pommes, et le peu de temps où tu étais éveillé, tu prenais Mme Wargirl pour blanche-neige et mes enfants pou des nains ! Enfin, ne me dis pas que tu ne te souviens pas ! Mme Wargirl pourra confirmer ce que je te raconte !

Comme si elle l’avait entendu à ce moment-là, Wargirl se lève, son bol vide à la main

- Vous déliriez Messire, et m'appeliez Blanche-Neige... Rien de plus, ne vous en faite pas.

- Eh bien, vois-tu ? Tu n’étais pas dans ton état normal, cela doit être naturel que tu ne t’en souviennes pas, s’écria presque Guy .

- Comment, vous ne plaisantez pas ? dit Thiercy d’un ton inquiet, on m’aurait fait prendre quelque chose ?

A ce moment-là, Guy vit Wargirl se diriger vers la porte, pour suivre un de ses loups vers le puits, où le reste de la meute était couchée. Prit de curiosité, Guy la suivit jusqu’au pas de la porte pour regarder ce qu’elle allait faire. Guy sursauta lorsque soudain, Wargirl aida à se relever une inconnue au habits déchiquetés et aux membres sales et égratignés. Guy se déroba derrière la porte pour laisser passer Wargirl et la pauvre jeune femme.

Ma mère, il faut prodiguer des soins à cette malheureuse, et refaire chauffer de la soupe pour elle, vu son état elle est à bout de forces...

Guy se précipita derrière le comptoir pour faire chauffer la soupe à laquelle il ajouterait deux œufs pour que la pauvre femme reprenne des forces. En préparant ceci, il eu une idée

Si vous voulez, j’ai emmené de l’alcool et un mouchoir, au cas où mes enfants se blesseraient, que je puisse désinfecter leurs plaies.... Je pourrais aller le chercher quand j’aurais finit ceci.

Puis Guy se retourna vers Thiercy et demanda doucement

Tu ne te souviens toujours de rien ?

Ben non, je ne me souviens de rien ! Tu es sûr que tu n'as pas rêvé ? C'est tout de même bizarre ; en général je me rappelle de ce qu'il m'arrive !

HS : on peut voter ^^ ? Si oui où ? ^^

Bonsoir mademoiselle ! Excusez mon frère Guy, il se fait souvent du mourron pour un rien...Cette menace dont nous avons été prévenus n'est passi menaçante en vérité ! Voyez, tout le monde était terrorisé à l'idée que l'un de nous meurre cette nuit, dévorré par les créatures qu'on nomme "loups-garous". Or, que s'est-il vraiment passé ? Rien. Personne n'est mort ! Alors n'ayez crainte ! Il y a peut-être un ou deux monstres ici, mais personellement, je ne vais pas m'arrêter de vivre pour si peu ; moi j'en ai vu d'autres, vous savez.

Je ne dis pas qu'elles n'existent pas...Mais...Je veux dire, avons nous la preuve qu'elles sont bien réélles ? Non. Et même en admettant qu'elles existent, elles n'ont pas l'air bien méchant ! Regarde, cette nuit, rien d'anormal ne s'est produit ! Si jamais quelqu'un a une preuve de l'existence de ces bêtes nocturnes ; ou encore de leur savagerie, je serai bien étonné !

Il avait cru entendre quelqu'un entrer dans sa chambre et se pencher sur lui. Peut être était ce un rêve ? Toujours est il qu'il se réveilla seul, bien tardivement par rapport aux autres jours. En général, il était debout de bon matin, en même temps que le soleil se levait et que les premiers coqs chantaient.
Mais là, il lui semblait que le soleil, justement, était déjà bien haut. Qu'avait il bien pu lui arriver pour dormir si tard ? La peur au venter, une partie de la nuit à ne pas dormir en tentant d'écouter les bruits alentours ? Il se souvenait vaguement avoir entendu des hurlements déchirants, de bêtes sanguinaires, mais là encore, il n'était sûr de rien.

Après s'être vêtit, il prit l'escalier. Descendant lourdement les marches, il entendit des voix. Celles de Guy et de son frère, qu'il reconnaissait bien à présent, mais aussi celles d'une jeune femme qui était en train de se présenter...

Je m'appelle Noir, enchantée...


Quel nom bien sombre...Espérons que cela ne soit pas un mauvais présage...

Il chassa cette pensée de sa tête et arriva enfin dans la grande salle. Certains, dont la nouvelle arrivante, avaient déjà un verre à la main. Il choisit de se faire une tisane aux herbes, et regarda ceux qui étaient présents.

Près du feu, une autre jeune femme, qu'il ne lui semblait pas connaître. Il ne se souvenait plus. Tant de nouveaux visages en quelques heures seulement, un manque de sommeil important, une peur constante...
Il y aurait un mort bientôt, si l'on croyait la légende...

Non loin, la femme aux loups caresse distraitement l'un de sa meute, tandis que Guy et Tiercy semblent se partager entre les deux nouvelles venues.

Derrière le comptoir, il décide d'interpeller le capitaine :

Dame ! Qu'allons nous faire ce jour ? Savons nous si l'un de nous est mort ? Où sont les autres ? Ne sommes nous que 5 survivants de cette nuit terrible ?

Ce qui était agréable dans les petites auberges de campagne, c'était que l'on pouvait dormir du sommeil du juste. Nuits calmes et apaisantes, villageois souvent épars vacquant à leurs occupations, gamins jouant sur la place et femmes rouspétant* apres eux lorsqu'un garnement faisait quelque bêtise.

Le jeune ébouriffé aimait cette ambiante reposante, mais tous les éléments composant cette ambiante ayant disparu subitement à Montpezat, c'est donc avec des cernes sous les yeux et le visage fatigué qu'il émergea de son sommeil non réparateur.
Des bruits et des hurlements avaient régulièrement coupé sont sommeil et tourner et retourner dans son lit avait été sa principale occupation nocture.

- par les cornes d'un bourrin, c'que j'ai mal dormi ... pire qu'les nuits avec la Jeanne.

La bassine d'eau posée sur la commode tombait à pic, et apres une toilette et un habillage rapide il se sentait prêt pour affronter une nouvelle journée, qui, il en avait le pressentiment ne serait pas de tout repos ainsi que la nuit qui suivrait.

Il se pointa dans la grande salle, la balaya de ses yeux gris, saluant ceux présents et s'installa dans un coin, attendant de voir ce qui se déciderait.



* râlant

Presque tout le monde était là. Mais Guy ne voyait ni la femme enceinte, qui avait dût rentrer chez elle sans faire attention à ce qu'il s'était passé, ni la jeune femme qui lui avait demandé la veille où était Migéon, ni l'homme qui était arrivé la veille avec son cheval. Ces deux derniers étaient montés tôt dans leurs chambres respectives et n'avaient point reparu.

Il en faut bien plus que quelques bûches.. Nous devrons tenir plusieurs jours. Et on va en utiliser énormément.

Que les hommes valides aillent en couper en forêt, voilà ce que je propose...
Mes vieux os m'en empêchent, mais je peux en revanche vous dire où il y a des vivres.
Et je sais faire des soupes et autres repas pour tout le monde.

Il me faut deux personnes ou trois, pour m'aider à éplucher les légumes. avait dit Migéon.

Il avait raison. Guy se serait bien proposé à aider en cuisine, mais que penseraient les autres qu'un homme préfère rester s'occuper des repas plutôt qu'aller chercher du bois ? Guy allait ouvrir la bouche pour se proposer à aller chercher du bois, quand Migéon reprit la parole.

L'un de nous ne verra pas la lune se lever, ce soir... Il serait bon que notre choix soit juste. Aussi, je conseille à tout le monde de bien réfléchir...

Que devaient-ils faire ? Guy allait poser la question, mais il se retint au dernier moment. Ils allaient éliminer un loup-garou, c'était évident. Comment ? Sûrement qu'en observant et en discutant avec tout le monde, ils allaient les débusquer. Par quels moyens allaient-ils les tuer ? Guy n'en avait pour le moment aucune idée, mais il le saurait bien assez tôt.

Je voudrais bien aller chercher du bois à condition que quelqu'un me garde mon bébé, et que si mes enfants reviennent avant moi, que vous leurs expliquiez où je suis, il peuvent vite prendre peur sinon...

Guy se tut et se senti rougir. Sans doute qu'on le prenait pour un fou, à surprotéger ses enfants de la sorte. Mais il ne pouvait s'en empêcher.
Soudain, des bruits de pas courant sur les pavés de la place se firent entendre. Les enfants entrèrent, avec un sceau d'œufs et un sceau de lait. Finalement, personne n'aurait besoin de les prévenir de quoi que ce soit.

Les enfants, papa va aller chercher du bois. En attendant, vous serez sages, quelqu'un vous surveillera, mais surtout pas de bêtises.

Il attendait que d'autres se proposent pour aller chercher du bois, et éventuellement que les derniers descendent pour que l'on puisse sérieusement discuter de cette malédiction...