En pratique, pour faire un bon bûcher il faut se lever tôt et quérir le bois mort dans la forêt profonde où s'entend le coucou. Mieux encore la sapinière qui fleure la résine matutinale. Compter quatre stères pour une sorcière, six pour son ogre de mari. Les enfants se chargeront de la paille avec le renfort de quelques ânes et des cailloux pour ne pas se perdre.
La poix d'enduction est la substance visqueuse indispensable à la prise, on la commercialise sous le nom de poix-résine. La noire est plus chère que la blanche d'un sou. Les surplus sont exportables vers les saloons américains où l'on triche aux cartes. Soyez perfectionnistes et rajoutez de la poudre de charbon de bois au chaudron quand il est tiède, et un zeste d'amadou. Si vous êtes dans un bon jour, enduisez la chemise de lin du supplicié de soufre dont la combustion facile l'asphyxiera sûrement. Les arômes sont onéreux et ne serviront à rien, la fumée de chair calcinée emportant l'ambiance. Evitez une chaise sous le vent pour chanter vos psaumes pendant l'incinération.
Sous réserve d'aumône de la part des affligés vous serez enjoints parfois à étrangler l'impétrant ; prévoyez une petite cordelette de soie cirée pour suffoquer le vilain en lui passant le capuchon.
source : l'inquisition facile (http://royalartillerie.blogspot.com/2007/09/linquisition-facile.html)