Chapitre V : UNE NOUVELLE LUNE

La Provence...

Quand on débarque à Marseille, après plusieurs jours en mer, on ne peut imaginer que cette belle province abrite une des plus anciennes bouches des Enfers. Montpezat, village perdu sur une petite colline du Gard où se bousculent les odeurs du Thym, de la Sariette et du Romarin. Montpezat, 10 ères à peine et encore moins à chaque nouvelle lune...

Or, c'était bientôt la période. Mère Alazaïs, spécialiste en démonologie, avait été dépêchée sur place par le Pape lui même pour suivre les évènements et les rapporter le + fidèlement possible à sa hiérarchie, et accessoirement (mais primordial à ses yeux) aider et sauver les âmes pures de Montpezat.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle arrivait, soulevant de ses pas la poussière ocre du petit chemin qui montait au milieu des ajoncs épineux d'un jaune vibrant et des cystes aux pétales roses de soie froissée. Elle déboucha sur l'unique place au centre duquel prônait un olivier plus que centenaire...
"Tu pourrais en raconter si tu savais communiquer" pensa-t-elle.

Accroupi parmi ses plantations de légumes, Guy entendit un bruit de pas réguliers au loin. Il se leva, et vit, sur le chemin menant à Montpezat, une religieuse toute vêtue de noir, qui approchait du village. Guy se demanda quelles raisons motiveraient une religieuse pour venir à Montpezat. Peut-être Guy osera-t-il l'aborder quand il la croisera et lui poser la question. Mais le moment était au travail et non au questions.

Guy finit de cueillir les tomates, puis il se dirigea vers le poulailler. Il déposa son panier de légumes à l'entrée et en prit un nouveau accroché au mur extérieur du petit abri de bois. Il y pénétra. Les poules qui déambulaient au centre du poulailler s'enfuirent sous les pas de Guy, qui allait aux extrémités de l'abri récupérer, bien cachés sous la paille, les œufs que les poules avaient pondus. Guy n'avait jamais eu le cœur de tuer ces bêtes, ni aucune autre d'ailleurs. La famille se nourrissait donc exclusivement de fruits, de légumes, de céréales, de lait et d'œufs. Bien qu'en apparence, Guy avait beaucoup de ressources, ses champs et ses animaux produisaient peu et il avait une nombreuse famille à nourrir.

Il regardait ses poules avec bienveillance quand il fût alerté par des cris provenant de la maison. Guy posa son panier à moitié rempli d'oeufs au milieu du poulailler, marcha jusqu'à la maison et y pénétra.
Il faillit trébucher sur l'avant-dernier de ses enfants, Théo, qui touchait à son premier printemps, et qui était assit par terre, occupé à torturer l'un des neufs chats du foyer en le tirant par la queue. L'aîné de Guy, Matthieu, âgé de 13 ans, qui tenait le bébé de telle sorte qu'on eût peur qu'il puisse tomber à tout moment, se disputait avec sa sœur Annie de deux ans sa cadette, tandis que la jumelle de celle-ci, Miranda, courait derrière son petit frère de 9 ans, Jonas. Pierre, âgé de cinq ans, profitait de toute cette cacophonie pour pousser mesquinement sa jeune de sœur de 2 ans, Caroline, qui tenait à peine sur ses deux jambes. Pendant un instant, Guy se stoppa net. Il se sentit dépassé, seul face à ses huit enfants. Mais il se reprit vite, saisit la canne qu'il avait héritée de son beau-père et donna trois coups secs sur le sol.

Il suffit ! cria Guy.
Tous les enfants s'arrêtèrent et regardèrent leur père en silence

Je vous ai expliqué maintes fois, reprit Guy avec calme, que je ne peut pas m'occuper de vous en permanence. Il faut que vous y mettiez du vôtre pour l'équilibre de notre famille.
Mais Guy arrêta là son sermon. Il aimait trop ses enfants pour élever la voix contre eux. Pour les calmer, il leur distribua à chacun des tâches.

Miranda, je veux que tu ailles finir de ramasser les œufs au poulailler pendant que ta soeur ira traire Marguerite. Jonas, emmène avec toi Pierre, et finissez de cueillir les légumes murs. Matthieu, tu gardes les petits, je vais au village chercher de l'eau au puits. Et je prends le bébé, j'irais le changer et laver son vêtement directement là-bas.

Guy prit dans un bras le bébé, saisit de sa main libre les trois sceaux à coté de la porte et s'en alla vers la place du village. La chaumière de Guy étant située à l'extérieur du village, il fallait pratiquement dix minutes pour atteindre la place du village. Mais avec les bras encombrés et la chaleur de cette fin d'après-midi, Guy mit pratiquement un quart d'heure pour arriver à la place du village. Quand il fût arrivé, il se dirigea vers le puits, situé au pied du grand olivier qui surplombait la place. Arrivé à la hauteur du puits, il croisa la religieuse qu'il avait vu plus tôt, sur le chemin menant à Montpezat, et il lui adressa un sourire pour la saluer. Puis il remplit, toujours d'un bras, les sceaux l'un après l'autre, et il lava à la grande eau le vêtement de son bébé, qu'il fit sécher sur le rebord du puits. Alors qu'il attendais que le vêtement de son bébé soit complètement sec, Guy fût interpellé par le tavernier, qui lui remit une lettre. Guy le remercia, rhabilla son bébé, prit la lettre et ses sceaux, puis repartit en direction de la maison. Il se demandait bien ce que la lettre contenait...

Marchant près de son cheval, elle regarde le ciel en silence; ses longs cheveux noirs tombant en cascade dans son dos, recouvrant sa cape déchirée... Ses bottes usées, soulèvent la poussière de la route sur laquelle elle avance, escortée de ses trois loups.
Sa vieille tenue montre que sa vie n'est pas facile, chevalière d'un ordre que peu de monde connait, elle parcoure les chemins depuis bien longtemps. Sous sa capuche, ses yeux violet sont si clairs que beaucoup la croient aveugle... Pourtant, elle en a tant vu.... Une balafre court de sa tempe à sa joue gauche, d'autres marques couvrent son corps... D'ailleurs a-t-elle seulement eu la peau lisse un jour?...

Au détour de la route, ses yeux se posent sur un petit village en contre bas; elle immobilise son cheval et caresse la tête d'un de ses loups....

Enfin un village les amis, j'espère que nous pourrons nous y reposer quelques temps et oublier....

Prenant le temps de respirer l'air environnant, elle reprend sa marche lente se souvenant d'autres villages, d'autres parfums...
Au bout de plusieurs minutes, elle parvient sur la place du village et voit une religieuse près d'un olivier plus que centenaire.

Bonjour, belle journée pour se reposer sous un arbre, dit-elle en caressant l'encolure de son cheval.

D'un regard, elle aperçoit un homme tenant des seaux et un bébé dans les bras s'éloigner. Calmement, elle remonte un seau d'eau pour ses animaux et va s'asseoir sous l'olivier pendant qu'ils s'abreuvent.

La journée avait été chaude et sèche, la poussière collait à sa peau, ses yeux étaient rouges du soleil. Il lui tardait de pouvoir s'arrêter, se désaltérer et se passer de l'eau sur le visage.

Au détour d'un chemin, un village perché sur sa colline apparut dans le ciel rougeoyant du crépuscule. Derrière le clocher de l'église, une lune pleine commençait à monter dans le ciel pur.

Flattant l'encolure de Lutteur, elle murmura:

"J'espère qu'il y aura une auberge pas trop pouilleuse, une bonne soupe et de quoi te loger et te nourrir...."

Elle mit pied à terre dans les derniers mètres, une main sur la garde de son épée, jetant un coup d'œil de partout, méfiante, comme elle l'était toujours quand elle entrait dans un village inconnu....Et surtout aussi désert que celui-ci!!

Sur la place du village, un magnifique olivier, un puit, une religieuse, un bon père de famille et sa marmaille, une guerrière et ses trois loups, qui firent sursauter son destrier:

"Chuut, tout beau, là, z'ont pas l'air trop méchants!!"

Et, s'approchant, souriante:

"Bien le bonjour à tous....Sauriez-vous où il y aurait de quoi nous loger, mon cheval et moi?"

Thiercy chevauchait depuis bien longtemps déjà sa fière jument Guirlande en direction de Marseille. Il arriva vers une heure de l’après midi dans la maison de son frère jumeau, Guy.
Il flânait dans les rues à la recherche du cottage de Guy en se demandant s’il arriverait avant sa lettre ou pas ; il profitait également de sa visite pour respirer à pleins poumons l'odeur de la ville ! Ca sentait le sud. Et le sud, ça sent la lavande, l'olivier, la cigale, les fleurs, le savon...Perdu dans ses pensées, Thiercy ne remarqua pas qu'il s'était trompé de rue. Il rebroussa alors chemin et vit deux personnes entrer dans une auberge. Il les ignora et continua tout droit. Arrivé devant chez Guy, il frappe quelques coups à la porte. En attendant qu'on lui ouvre, il ouï un étrange son : comme des enfants en pleurs...Guy lui ouvrit sa porte.

-Salut Guy ! Ca faisait un bon bout de temps, n'est-ce pas ? Tu vas bien ? Et comment va Béatrice ? Et tes enfants ?

-Bref tu me fais visiter ta ville ? Elle a l'air superbe ! Et je dois avouer que j'ai déjà repéré un endroit où reprendre des forces après ce rude voyage ! J'ai trouvé la taverne en venant, on y va ?

Guy venait de finir la lettre. C'était son frère jumeau Thiercy qui lui avait écrit. Il revenait de son voyage en Afrique du Sud, et avait le mal du pays. Mais n'ayant pas de domicile stable, Thiercy demandait à Guy de bien vouloir l'accueillir chez lui. Guy soupira. Il se reprochait trop souvent sa gentillesse, mais il ne pouvais pas refuser de loger son frère jumeau, même si il fallait pour cela faire abstraction de l'amertume qu'il éprouvait contre son frère depuis bien des années déjà.
Guy se leva et alla se laver le visage dans le cabinet de toilette de la chaumière. Il contempla longuement son reflet dans l'eau. Il voyait se cheveux châtains clair, tombant de chaque coté du crâne et laissant apparaître une raie parfaitement droite, ses yeux noisette sous ses sourcils épais, un nez au bout rond et au narines étroites, une bouche banale. Il fût tiré de ses pensée par des cris de bébés et le bruit d'une personne qui tapait à la porte simultanés. Il prit le nouveau-nés dans les bras pour le bercer, et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit en grand et eu un léger sursaut. Il voyait, sur le seuil de la porte, son reflet: une bouche banale, un nez au bout arrondi et aux narines étroites, des yeux noisette sous des sourcils épais, et des cheveux châtain clairs ébouriffés par le vent.

Guy ! Comment vas-tu ! Cela fait tellement d'années ! s'écria Thiercy. Comment va Béatrice ?

Guy esquissa un faible sourire en signe de salutations

Elle nous a quittés il y a 6 mois maintenant, dit lentement Guy d'un ton lourd

Thiercy resta stupéfait. Il prit un air navré et ne dit plus mot. Guy se déroba derrière le seuil de la porte pour laisser entre Thiercy. Les enfants étaient encore dehors, mais l'aîné avait tourné la tête, et regardait son père d'un aire interrogateur, tandis que Théo s'approchait lentement à quatre pattes de cet homme qui ressemblait à son père comme deux gouttes d'eau. Guy fût soudain inquiet. Il ne parlait plus à son frère depuis qu'il s'était marié dix-sept ans plus tôt. Comment Thiercy, dont Guy connaissait une légère aversion pour les enfants, allait-il réagir face à huit enfants ?
Mais Thiercy ne prit pas le temps d'entrer

- Tu pourrais tout de même me faire visiter ta ville ? Elle a l'air superbe ! Et je dois avouer que j'ai déjà repéré un endroit où reprendre des forces après ce rude voyage ! J'ai trouvé la taverne en venant, on y va ?

Ah oui, c'est vrai, je suis désolé de ne pas te l'avoir proposé. Allons-y

Guy était un peu déconcerté par la jovialité de son frère. Manifestement, il n'avait pas beaucoup changé depuis qu'ils étaient enfant. Guy confia son bébé à l'aîné et s'en alla avec Thiercy vers la place du village

Dans les prisons de Nantes
y'avait un prisonnier y'avait un pri... aieuuuu !

Il ne vaut mieux pas vous dire tout ce qui suivit le cri du jeune forgeron alors qu'il envoyait son maillet voler à travers l'atelier tant et si bien que le précieux outil atterit devant le grand portail de bois qui donnait sur la place du village.

Non d'une none endim.... ha ben en parlant de none... haussement de soucils du jeune forgeron en regardant une none qui se tenait pres de l'olivier oh combien centenaire du bon village de Montpezat, qui perché sur sa petite coline, ne voyait pas passer guère de voyageurs. Le temps de ramasser son outil et il vit arriver une femme avec des chiens... à mieux regarder ça semblait être des loups et il fit une petite grimace.

Brrrr j'aime pas ces bestioles, ca bouffe les moutons.

Puis une autre femme à cheval arriva à son tour. Son maillet à la main, Aime regardait ce petit monde se demandant ce qu'il se passait. Un petit coup d'oeil à la place mais point de Germaine la boulangère. Il avait pensé que peut être elle bradait ses miches et que c'est pour ça que des visiteurs arrivaient. Sacré Germaine pensait il en récupérant Altaïr et en le faisant sortir pour l'attacher à l'un des anneaux du mur.

T'y vois pas d'inconvénient si je fais une pause, ce fer était récalcitrant et mes doigts en ont souffert.

Il grimaça en regardant sa main qui avait reçu le coup de maillet et partit vers son sceau d'eau... vide.

Bon hé bien on va aller re remplir tout ça.

Son sceau dans une main, il se dirigea vers la fontaine pres de l'olivier, tout en faisant attention à faire un petit écart pour éviter les trois bestiaux à crocs. Il passa à quelques pas des femmes et les salua d'un ... bonjour ... avant de s'adresser à la none.

Bonjour ma mère et d'aller remplir son sceau.

Enceinte, Miss-cherryl, passait ses journées à la maison, s'occupant de son foyer, de sa fille ... Au fond d'elle, elle sentais que ce nouveau bébé serait une fille, elle n'en serait pas moins aimées pour autant seulement un fils aurait pu aidé son père par la suite.

Lui partait longtemps en forêt chassé, n'ayant que peu de terre elle ne suffisait pas pour faire vivre la famille, Plus il partait loin en forêt, plus il communiait avec elle, plus elle lui offrait gibiers et plantes naturelles pour nourrir les siens.

Le plus dur dans la situation était qu'elle s'inquiétait de la sécurité des siens. Comme le disent les anciens dans la région, il faut se cacher lors de la pleine lune hors celle-ci approchait.

La journée étant chaude Miss-cherryl s'est installée devant sa maison aux abord du village afin que sa fille joue tranquillement, un bruit de martelement venant de la forge berçais ses pensées.

Elle vit passer un homme qui semblait révasser, celui-ci rebroussa son chemin.

"Il a du s'égarer... Il ressemble étrangement à cet homme qui habite à l'écart du village... ça ne peux être lui il ne se serais pas perdu sans doute un air de famille".
Elle cotoyait peu de monde ici ne les connaissait que de vu, surtout les hommes qu'aurait pensé les gens d'une femmes vivant pratiquement seule et parlant aux hommes.

Guy arriva avec son frère jumeau sur la place. La femme religieuse ne semblait pas avoir bougé. Elle scrutait la place de part et d'autres, comme pour prende connaissance des lieux. Peut-être avait-elle emprunté des ruelles pour visiter Montpezat et essayer de trouver le monastère. En regardant vers le grand chemin de terre qui menait au village, Guy voyait une femme enceinte, assise sur une chaise en bois devant sa chaumière, qui parraissait perdue dans ses pensées. Guy tourna la tête, et sursauta à la vue d'une femme accompagnée de chiens, ou peut-être de loups, Guy ne savait pas. Il entendit des pas précipités. Le forgeron, Aimelin, avec qui Guy discutait parfois, se dirigeait rapidement vers le puits.

Eh bien Mr Aimelin, que vous est-il arrivé ? Oh mon dieu, vous vous êtes brûlé ? Oui, vous avez raison, allez vite mettre votre main dans un sceau d'eau fraîche, ça apaisera sûrement votre brûlure.

Guy suivit du regard le forgeron, qui alla plonger son sceau dans le puits pour en remonter de l'eau. Puis Guy regarda à sa gauche et croisa le regard de son frère qu'il avait oublié un instant.

Donc, voici la place du village. C'est à mon sens le seul endroit important à connaître. Les ruelles qui partent de la place conduisent aux maisons des autres villageois de Montpezat. Donc, voici le grand olivier au milieu de la place, avec à son pied le puits. Puis ici tu as la forge, le couturier, le boulanger, et de l'autre coté de la place, il y a le tavernier et un marchant de fruits et légumes.

Guy se dirigea vers la taverne avec Thiercy, quand il vit une femme, accompagnée de son cheval, lui demander timidement où était la taverne

Nous y allons de ce pas. Venez avec nous si vous voulez, répondit Guy

Le vieillard passait ses journées entre la taverne et la place du village, quand il faisait doux. Et ce jour là, le soleil écrasant s'était un peu caché, tant et si bien qu'il avait finit par sortir de l'endroit calme et frais qui lui servait d'abri, mais aussi qui était bien pratique pour confectionner ses décoctions de plantes.

Gui venait de repartir, après avoir prit la lettre qu'il lui avait donné.
De toute façon, la dernière tavernière, Gwen, avait été mangée par des loups garous sanguinaires, à la dernière attaque.

Et oui. Le vieillard avait vu tellement de choses...Il plissa les paupières, à ses souvenirs nombreux et tumultueux qui déferlèrent soudain. Sa tisane à la main, prenant soin de ne pas la renverser à cause de ses doigts noueux, rongés par la maladie, il se dirigea donc vers le centre du village.

Il stoppa net... Un attroupement plus qu'inhabituel siégeait sous l'olivier..Il fit la moue.
Une femme mal vêtue, accompagnée de trois loups, des vrais..Que venait elle donc faire ici icelle ?? Cela ne valait rien de bon.
Une religieuse ?

J'ai déjà connu une fois de ses attroupements... On dirait que juste avant une attaque des loups garous, le village étend une force d'attraction tout autour, comme pour mieux piéger tous ceux qui passent non loin. La religieuse doit être là pour nous aider ?

Tout dans ses réflexions, Migéon alla lui aussi vers l'arbre au centre du village, et s'approcha du groupe, observant, et écoutant voir si une discussion avait été lancée...

Très bien je te suis !

Thiercy arriva dans la taverne sur les pas de Guy. Le bâtiment était plongé dans une certaine obscurité, ce qui le rendait un peu sinistre... Thiercy et Guy s'asseyerent à une table proche d'une vitre, et Thiercy remarqua que les vitres étaient couvertes de poussière ! C'était sûrement ça qui empêchait la lumière d'entrer !
Thiercy commanda une limonade et commença à observer les différents clients, sans mot dire. Étrangement, il remarqua que beaucoup des clients partaient en direction de la place du village. Il bu sa limonade, et fit part de ses pensées à son frère Guy.

-Dis qu'est-ce qu'il se passe sur la place du village ? Tu entends tout ce bruit ? Et presque tout le monde est parti !

Alors que son cheval somnolait, les yeux à demi fermés sous l'ombre de l'olivier qui s'étendait de plus en plus au fur et à mesure que la nuit pointait le bout de son nez, Belphegore détailla les gens qui allaient et venaient.

"Pas si désert que çà, ce village!! Je trouve même qu'il y a trop de monde à mon goût!!" se dit-elle, une moue sur les lèvres.

Voyant que deux hommes se dirigeaient vers une bicoque où une enseigne en fer rouillé se balançait mollement dans l'air tiède, elle prit par la bride son cheval et se rendit vers ce qu'elle supposait être une auberge, du moins un bouge où boire et se restaurer.

Au passage, elle croisa un jeune homme, peut-être le forgeron à son tablier en cuir.

Elle lui sourit..."Pas si mal, les petits jeunots, ici!! Je m'en ferai bien mon dessert!!"

Faisant le tour de la maison, elle vit une porte basse qui donnait dans l'écurie, ou plutôt une espèce d'écurie sombre et qui puait le crottin et la bouse vieille de 10 ans.

Belphegore soupira, et ne voyant venir aucun valet, elle installa Lutteur du mieux qu'elle pouvait, à un endroit où la parclose n'était pas trop délabrée, rajouta du foin poussiéreux dans la mangeoire, remplit le seau d'eau et après une dernière tape amicale sur la croupe, elle ressortit dans la nuit tombante pour se rendre dans la salle commune.

Celle-ci était à l'image de l'écurie, sombre et sale, des détritus jonchant le sol poisseux, les vitres sales de n'avoir jamais été nettoyées, une odeur de soupe au choux et de vinasse flottait dans l'air.

Belphegore poussa un gros soupir.....

-Dis qu'est-ce qu'il se passe sur la place du village ? Tu entends tout ce bruit ? Et presque tout le monde est parti ! s'écria Thiercy

Non, je ne sais pas ce qu'il se passe. Le vieillard, que je connais de vue, est même sorti voir ce qu'il se passait. Je me demande ce qu'il peut se raconter là-bas. Nous ressortons voir? demanda Guy

-Et comment qu'on y va ! Ca m'intéresse ! Tu sais comme je suis curieux !

Thiercy vida sa limonade d'un trait, laissa des sous sur la table et se leva rejoindre la place du village.

Adossée à l'olivier centenaire, elle scrute les nouveaux arrivants. Un homme ressemblant comme deux gouttes d'eau à celui qui l'accompagne, une jeune homme forgeron avec sa brûlure à la main, la cavalière qui s'est éloignée vers la taverne pour s'occuper de son cheval et l'arrivée silencieuse d'un vieillard...

Beaucoup de monde dans ce village aux allures désertes, murmure-t-elle en plongeant ses doigts dans la fourrure de Karantez, son loup noir. A croire que tous se sont donnés rendez-vous ici....

Son regard perçant détaille chacun de ceux qui l'entoure sous le couvert de sa capuche, elle revoit d'autres villages, d'autres personnes et puis.... Les souvenirs arrivent mais elle ferme les yeux et secoue la tête en silence pour chasser les images qui se forment...
Malgré l'attroupement qui se forme peu à peu, Orwald, son fidèle cheval broute le peu d'herbe qui encercle l'olivier pendant que ses loups restent allongés près d'elle; Buhez, le plus mince lève une oreille sans ouvrir les yeux et Ael, dont le pelage est presque blanc, s'agite dans son sommeil.

Elle sait que la crainte et la méfiance vont naître devant son drôle d'équipage mais elle veillera une fois de plus à faire naître la confiance en sa meute même si Dieu seul, ou le Diable, sait que ce ne sera pas une tâche aisée. Tant de fois ces semblables l'ont obligé à se réfugier dans la forêt par la crainte de ses compagnons....

Après s'être étirée pour délier son corps musclé, elle se lève en touchant discrètement la croix de vie qui pend au bout de sa chaîne et qu'elle arbore sur sa tunique de guerrière. L'emblème de son ordre brille une seconde avant d'être dissimulé de nouveau par sa cape déchirée qu'elle rajuste d'un geste habituel. Les parfums, les odeurs et les sons de la nature parviennent à ses oreilles; son instinct est en éveil, comme souvent dans un village inconnu. Une vieille habitude qui lui a si souvent sauvé la vie... Elle n'a que 25 ans mais a vu et vécu tant de choses que parfois elle croit avoir 1000 ans....

Bonjour à tous, dit-elle calmement aux nouveaux arrivants avec une signe de tête, belle journée...

La religieuse avait frappé à toutes les portes des maisons entourant la Place, invictant leurs occupants à la rejoindre sous l'olivier. Petit à petit, l'attroupement de curieux s'emplifiait des paysans rentrant des champs à l'exterieur du village, des voyageurs que Dieu (à moins que ca soit le diable) avaient envoyé là...
Du brouhaha ambiant émergeait tout de même la curiosité : Qui était cette religieuse au visage burinée par les imtempéries quand la plupart des ordres monastiques pronent l'enfermement? Que voulait-elle et que faisait-elle ici, à Montpezat, village maudit et abandonné des servants de Dieu depuis des années? Tous, croyants ou non, attendaient la réponse qui n'allait pas tarder à venir...

Oyez Braves gens!
Au nom du Pape, je viens vous informer qu'un grand malheur va s'abattre sur vous! Les portes de l'Enfer se sont ouvertes ici, à Montpezat, et il est trop tard pour fuir. Nous devons lutter ensemble pour les refermer...

Alazaïs avait conscience que son discours ressemblait à celui d'un illuminé Elle reprit d'un ton moins excité :
J'ai fait un long voyage pour venir vous informer et vous guider. Qui est votre maire, votre representant?

Entre ceux qui ne comprennaient pas la question (ou qui n'en avaient cure) et ceux qui charchait la réponse - Il y avait bien eu des élections autrefois, mais le maire avait disparu comme bcp de villageois d'ailleurs, personne ne pu lui répondre...

... Il vous en faut un alors. Y a t-il des candidats, des propositions?

Guy venait de sortir derrière Thiercy qui avait précipitamment la place du village. Guy adressa un signe de tête à la femme aux loups, pour approuver sa dernière remarque. Il était vrai qu'après la précédente semaine qui avait été pluvieuse, le soleil avait reparu et brillait avec plus d'éclat.
Guy porta ensuite son attention vers la religieuse. Il l'écouta avec attention. Mais il n'étais pas sûr d'avoir compris les propos qu'elle tenait. Bien qu'il ne croyait pas en dieu, Guy, au fond de lui, avait toujours un peu crût aux histoires mythiques où des terribles créatures venaient semer la terreur sur terre.

Ma brave femme, je crains de ne pas bien saisir le sens de vos paroles. Qu'auraient libéré les portes de l'enfer ici, à Montpezat ? Et comment peut-on être sûr que le danger, si il existe, va s'abattre sur notre village ?

-Moi aussi en général j'ai plus tendance à croire quand j'ai des preuves...Mais qu'à cela ne tienne ! Je me présente maire ! monte sur l’estrade.

Voici mon programme :

Si je suis élu, je m'engage à prendre au sérieux la religion Avec ça, j'ai la voix de tous les ecclésiastiques ; je lutterai s'il le faut contre les ...menaces euh...mystiques ! Et je protégerai les villageois face à cette éventuelle menace euh... mystique ! Je vais instaurer un groupe de parole pour ceux qui ne se sentent pas en sécurité.

Sur le plan écologique, je supprimerai la chasse aux biches, qui sont en voix de disparition par ici. Avec ça, j'ai les écolo dans la poche

Je promets de bien guider le village et d'accueillir les étrangers avec le meilleur... accueil justement ! Or, quoi de plus normal, puisque je suis moi-même un nouvel arrivant ici ! Et les étrangers seront conquis !

Ensuite, ce qui concerne les aménagements de la ville...Je propose de créer un collecte de déchets. Je me suis promené ce matin par hasard dans le quartier voisin, et l’odeur est répugnante. Je vais créer de nouveaux emplois : des personnes spécialement formées pour collecter les déchets et nettoyer les rues seront embauchées. La ville serait plus agréable, et ces nouveaux emplois réduiraient le chômage. Et pour qui seront les voix de tout les chômeurs ? Et de tout ceux qui vivent dans l’autre quartier ? Pour moi !!

D’autre part, j’ai constaté que la ville était très construite...et je pense qu’il faudrait l’égayer un peu...J’avais pensé à faire deux jardins pour reverdir la ville. Et voilà pour les mômes. Ah mince, ils votent pas. Tant pis.

Et ensuite, j’ai constaté qu’il y a quelque chose qui manque dans ce patelin : une bibliothèque. Je vais tout mettre en œuvre pour essayer d’en obtenir une. Il est impensable qu’un village comme le nôtre n’ait pas sa propre bibliothèque ! Les jeunes générations doivent s’instruire que diable ! Alors, je développerai la culture, si vous m’élisez. Ca c’est pour ceux qui sont isntruits.^^

Ensuite la question financière...Très délicat...J’avais envisagé de créer deux postes pour des conseillers, qui m’aideront à prendre les meilleures décisions économiques, car comme vous le savez, l’économie, c’est le plus délicat. Je veux donc mettre tout en œuvre pour que les bonnes décisions soient prises. Ensuite, j’avais pensé à créer une sorte de bureau pour que tout les citoyens qui en feront la demande puissent me faire part personnellement de leurs plaintes, leurs commentaires, leurs exigences, leurs requêtes, leurs suggestions...Je vous en reparlerai très bientôt si je suis élu, mais je pense que ce bureau sera ouvert de 8 heures à 11 heures chaque mercredi. Et maintenant j’ai tout ceux qui étaient réticents dans la poche^^

Et concernant les petits bonus que je propose : ils sont au nombre de trois : premièrement, j’instaurerai un jour férié, et comme prétexte, j’invoquerai la fête du village. Deuxièmement, la tombola. Il n’y a pas de tombola ici, donc j’en installerai une. Au moins une tous les trois mois ; car je compte distraire le peuple. Enfin, le dernier avantage : je vais baisser le prix des crayons chez le libraire. Il vend ses crayons trop cher ! 14 écus pièce, c’est du vol, et je ne le tolérerai pas ! Là personne ne pourra y résister

Voilà, élisez-moi, et vous ne serez pas déçu, car je suis très sérieux. Hum hum. Merci de votre attention ! Ah, et sachez que ce discours était totalement improvisé. Je n’ai rien derrière la tête !

Caressant l'encolure e son cheval d'une main et laissant Ael lui lécher l'autre main, elle écoute calmement les paroles de la religieuse... Ainsi de nouveaux monstres sont lâchés sur ce village....

Alors tout va recommencer, murmure-t-elle pour elle-même.

La voix de l'homme qui se propose comme maire s'élève dans le silence de la petite foule réunie et fait naître un sourire ironique sur ses lèvres. Repoussant sa capuche du bout des doigts, elle fixe l'homme dans les yeux.

Beau programme électoral... Je vous souhaite de vivre assez longtemps pour le mener à bien.... Toutefois, si la menace dont parle cette religieuse est bien celle que je pense, votre beau programme ne verra jamais le jour.... Sauf si vous en changez et menez ce combat comme une guerre, acceptant d'assumer les pertes et les gains comme un chef de guerre !

Rajustant sa capuche, elle laisse son regard se voiler des souvenirs qu'elle cherche tant à fuir. Posant un genoux à terre, elle caresse sa meute en silence; elle sait d'instinct qu'il n'est plus possible de fuir mais qu'il faut assumer et lutter dans cette guerre qui va recommencer. Se relevant, elle observe les visages autour d'elle, incompréhension, doute, stupeur, méfiance, peur... Tant de sentiments mêlés qui dégagent une atmosphère lourde sur la place du village dissimulant peu à peu les odeurs de la nature.

Dissimulant un geste de lassitude, elle se dirige vers l'écurie pour panser Orwald et lui préparer une bonne litière pour la nuit; ses loups lui emboîtent le pas sans quitter des yeux la petite foule qui les entoure. Eux aussi savent, ils ont compris que la méfiance et la haine va empirer.... Même Orwald frissonne en avançant calmement.

Au fait, dit-elle en se retournant et portant son regard en direction du forgeron, Orwald aurait besoin de nouveaux fers, forgeron. Aurez-vous le temps de voir ça demain?

Guy esquissa un sourire. Son frère était resté inchangé depuis leur dernière entrevue il y avait plus de 15 ans de cela. Toujours aussi jovial et spontané, un brin désinvolte même. Mais malheureusement, Guy ne savait pas si le programme d'amélioration du village suffirait à lutter contre la menace pesant sur Montpezat si celles-si étaient vraiment réelles. Un peu plus diplomate que son frère, Guy se demanda aussi si la religieuse n'allait pas recevoir ce discours comme ironique et être un peu irritée. Mais Guy préféra ne rien dire et entendre ce que les autres avaient à dire. Peut-être que son frère, derrière ce discours, avait ressenti lui aussi une réelle menace et avait voulu prendre la responsabilité de mener le village vers le salut.

-Si vous avez des questions à me poser sur mon programme électoral, je suis là pour y répondre. N'oubliez pas que je veux votre bien-être, votre sécurité, avant tout. Je serais prêt à me sacrifier pour vous, je pense (mais c'est pas une raison pour me lyncher ) En ce qui concerne la menace euh...mystique... qui semble en effrayer certains, je ne saurais pas vous dire grand-chose puisque cette menace est mystique justement. Si vous voulez, l'église est à votre disposition. Mais je peux toujours vous parler de la façon dont je conçois cette menace et dont je pense m'en occuper.

Thiercy regarda la foule face à lui. La plupart des gens montraient un visage curieux, d'autres semblaient avoir peur, d'autres encore semblait se ficher de cette menace euh... mystique. Face à cette foule qui de toute évidence voulait en savoir davantage, Thiercy remonta sur l'estrade.

Alors d’abord sachez que je prends très au sérieux l’avertissement que Mlle Alazaïs nous a donné. J’ai eu vent – vous devez savoir chose à mon propos, c’est que j’ai beaucoup voyagé dans le monde, et j’ai entendu bien des histoires... – dans ma vie de plusieurs histoires de ce genre. À chaque fois, je dis bien à chaque fois, personne n’a écouté le messager. Et à chaque fois, je dis bien à chaque fois, le village s’est retrouvé dévasté.

Revenons à nos moutons ; cet avertissement euh...mystique est peut être vrai, ou peut-être faux. Qu’est-ce que j’en pense moi ? Je vais vous dire, car je suis un honnête homme, que je n’en sais rien ! Je ne saurais pas vous dire si c’est vrai ou faux à l’heure actuelle, je ne suis pas une voyante ; pour quelque ça, allez voir Madame Soleil. Donc je ne sais pas vraiment comment réagir. Cependant, si vous m’élisez, je ne prendrais aucun risque qui nous engage directement. Donc, comme je ne sais pas si cet avertissement est censé ou non, je pense le prendre au sérieux. En effet, je souhaite éviter comme vous que le nom de Montpezat soit rajouté à la liste des villages décimé parce qu’on n’aura pas écouté un messager.

Donc que le message soit clair : je ne comprends pas cette menace euh... mystique ; mais dans le doute, je vais la prendre au sérieux. Mieux vaut prendre des mesures qui s’avereront inefficaces que de plonger bêtement notre village dans l’enfer.

Je n’ai pas peur de passer pour un imbécile qui a peur pour rien ; je veux protéger mon village de cette menace euh ... mystique. Et que les choses soient claires : je prendrais toutes les mesures qui s’imposeront.

Voilà, j’espère vous avoir satisfait. Les questions sont les bienvenues.

Maintenant si vous voulez bien, je vais demander à Mlle Alazaïs de me dire tout ce qu’elle sait, et tout ce qu’elle pense. Il me faut avoir tout les éléments si je veux réagir comme il faut.

Miss-cherryl fût sorti de ses pensées par une rumeur venant de la place du village, et s'emplifiant. Elle se décida donc à s'approcher pour en connaître la source.

A l'approche de la place, elle commencait à discerner un discours.

Une religieuse se tenais au centre de l'atroupementJ'ai fait un long voyage pour venir vous informer et vous guider. Qui est votre maire, votre representant?

... Il vous en faut un alors. Y a t-il des candidats, des propositions?

L'homme qu'elle avait vu perdu dans le village monta alors sur l'estrade et commena une sorte de propagande ...

"Mais qui croit-il berner avec son discours, de belles paroles certe il ne pourra jamais les tenir, il a au moins l'audace d'essayer il faut lui reconnaître cela."

-Pourquoi nous vous ferions confiance ? Puisque vous dîtes vous même que vous êtes étranger à ce village. Nous ne savons même pas ce que nous devrions craindre et vous nous faîtes des promesses économiques et non pas de sécurité.

Alors qu'elle était accoudée au comptoir, attendant patiemment qu'un aubergiste vienne la servir, elle se tourna vers une des fenêtres donnant sur la place du village.

Elle s'aperçut que la pièce s'était vidée de ses clients et que ceux-ci s'étaient rassemblés autours du vieil olivier.

Elle décida d'aller voir de quoi il retournait. Elle arriva juste à temps pour écouter ce qui devait être une harangue pour les élections municipales:

"Quel drôle de moment pour faire çà...Il va faire nuit, il y a des étrangers de partout, quels drôles de mœurs...."

Elle haussa les épaules et attendit la suite des évènements...

Alors qu'elle attend la réponse du forgeron, l'homme remonte sur l'estrade et reprend son discours... De nouveau, elle abaisse sa capuche et le fixe tranquillement. L'intervention de cette femme enceinte et le retour de la cavalière lui remémore d'autres lieux, d'autres visages....

Messire, je ne cherche pas à vous attaquer, ni à mettre en doute vos capacité, dit-elle calmement; je voulais seulement vous dire que dans cette menace rien n'est mystique. J'ai moi aussi parcouru de nombreux chemins, entendu et vu mille choses... Mais si cette religieuse parle de portes de l'Enfer ouvertes, alors la menace est bien réelle !

Laissant pendre la bride d'Orwald, elle revient sur ses pas et s'approche de l'estrade sans quitter son interlocuteur du regard, sa meute ne la quittant pas.

Tout comme vous, je suis étrangère à ce village et mes propos ne visaient pas à vous offenser, poursuit-elle lentement. Je voulais seulement dire que vos projets futurs ne sont peut-être pas à l'ordre du jour.... Si des jours sombres se préparent ici, comme le sous-entend la religieuse, vos projets écologiques ou autres peuvent attendre.... Si ce village a besoin de protection et de défenseurs alors je suis présente, rien de plus.... La protection et la défense sont parfois le premier acte qu'il faut faire avant de voir plus loin.... Que vaut un programme et un maire pour l'appliquer si tout le monde est mort?...

Remettant sa capuche pour dissimuler le voile de tristesse qui passe dans son regard, elle se détourne et repart vers Orwald d'un pas assuré.

Si la menace est celle que je connais alors il n'y aura plus personne pour voir l'application de ce si beau programme.... murmure-t-elle en posant son regard sur ses loups. Les jours à venir ne seront que larmes, tristesse, peur et haine...

Caressant de nouveau son cheval, elle reporte son regard sur le forgeron en attendant sa réponse.

Vos remarques, mesdemoiselles Wargirl et Miss-cherryl, sont très pertinentes, et je vais tâcher de les prendre en compte :
-Vous avez l’air d’en savoir plus que moi à propos de la menace euh... euh... pas mystique. Sachez que si je suis élu, je ferai passer la sécurité de chacun avant tout ; l’économie, vous pouvez me croire, parce que je suis un honnête homme, ça n’est vraiment pas ma tasse de thé ; on pourrait presque dire que cette menace euh... mystérieuse Ca y est j’ai un mot ! tombe à pic, car elle m’exemptera des charges les plus barbantes.

Bref, je m’égare, là. Ce que je voulais dire par « je ne sais pas si la menace est réelle » c’est que je ne prenais pas parti. Je me dois d’être neutre, ce que je suis. Hum hum.

Mais si j’ai bien compris, Mlle Wargirl, vous semblez vous inquiéter et prendre au sérieux cette menace. Soyez rassurée alors car, si je ne prends pas parti au sujet de cette menace euh... mystérieuse ; je ne la prends pas moins en compte ; et qu’elle soit réelle ou pas, des mesures seront prises, ça je peux vous l’assurer. Mieux vaut prévenir que guérir. Mieux vaut mettre en œuvre des moyens alors que c’était inutile, que de ne pas les mettre en œuvre et de tous mourir, non ?

En ce qui concerne ces mesures, je vous en ferai part de façon plus précise très bientôt, si vous m’élisez. Mais je peux d’ores et déjà vous dire qu’elles garantiront – si elles sont respectées – la sécurité de chacun. Le souci que j’ai actuellement, et qui m’empêche en fait de vous en dire davantage aujourd’hui, c’est que je n’ai aucune idée de ce que pourrait être cette menace euh... mystérieuse, actuellement. Il me faudrait discuter avec la bonne du cur...La religieuse, je voulais dire.

D’autre part, n’ayez pas peur, mes projets écologiques attendront si je juge ça nécessaire. Vous pouvez me faire confiance : j’ai le sens des priorités.

Pour le vérifier : un petit jeu : une maison brûle et je sais qu’un enfant est dedans. Je rentre en courant pour le sauver, et j’aperçois sur la table un petit biscuit. Qu’est-ce qu’il vaut mieux faire en premier : aller chercher l’enfant ou manger le gâteau ? Bien sûr c’est l’enfant qui attendra ! Le biscuit, une fois brûlé, sera très mauvais. Alors que personne ne devra mangé l’enfant, donc ce n’est pas grave si l’enfant a trop cuit.
Thiercy vit des tas de regards affolés le regardant. C’était à prévoir.
C’était une blague, voyons ! Je cours pour chercher l’enfant, et je mange le biscuit au passage, comme ça j’aurais sauvé les deux !
Thiercy vit des yeux en spirale le regarder. C’était à prévoir.
Oh, vous savez, je suis un farceur moi ! Bien sûr je choisirais l’enfant. Hum hum. Je m’égare encore.

Mais ce que je voulais dire avec cette métaphore ; c’est que j’essaierai de faire le plus de choses possibles. Si je peux manger un biscuit tout en recherchant un enfant ; c’est-à-dire si je peux améliorer la ville tout en maintenant des mesures de sécurité, je le ferai. Mais bien sûr, si je constate que faire plusieurs choses à la fois s’avère impossible, je ferai dans l’ordre de priorité bien sûr. Hum hum.

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